Nous sommes de plus en plus à nous tourner vers des cosmétiques plus naturels, et selon une étude du cabinet Kline, leur part de marché va continuer à croître au niveau mondial pour atteindre 48 milliards de dollars en 2024.

Quelles différences entre naturel et biologique et surtout quelles garanties selon les labels et certifications ?

Bien que l’agriculture biologique et les produits dérivés soient encadrés par la réglementation, les cosmétiques bio n’ont quant à eux aucun règlement spécifique. Simplement, il est intéressant de noter que le règlement CE n°2018/848 relatif à la production et à l’étiquetage des produits biologiques applicable à partir du 1er janvier 2021 encadrera certains ingrédients à usage cosmétique : les gommes et résines naturelles, la cire d’abeille, les huiles essentielles et les préparation traditionnelles à base de plantes.

Etant donné l’absence de règlement specifique, les industriels peuvent choisir de faire des démarches volontaires qui permettent d’aller plus loin que ce qu’oblige la loi. C’est ce que font certains avec les labels et les certifications. Les certifications sont signes de qualité car délivrées par un organisme indépendant, impartial et accrédité. Pour les labels c’est plus compliqué, certains sont fiables et d’autres moins : on distingue ceux délivrés par des organismes certificateurs -qui s’apparentent donc à des certifications- et ceux fondés sur une charte à respecter sans vérification par un tier -qui ont donc plus ou moins de valeur-

Dans tous les cas, pour que le produit soit certifié ou labellisé, l’entreprise doit suivre un référentiel. Il en existe deux principaux : Cosmos et Natrue.

Le référentiel Cosmos

Développé au niveau européen et international par le BDIH (Allemagne), COSMEBIO et ECOCERT (France), ICEA (Italie) et SOIL ASSOCIATION (Royaume-Uni), le référentiel Cosmos a pour vocation de définir des exigences et des définitions communes pour les cosmétiques biologiques et/ou naturels. En plus des exigences sur les ingrédients et les produits cosmétiques en général, on retrouve notamment un paragraphe sur le management environnemental -que je ne vous détaillerais pas ici mais sachez que le référentiel impacte toute l’organisation et pas juste la composition du produit-

Dans le référentiel il est également question de minimiser les impacts environnementaux directs et indirects des emballages au cours de leur cycle de vie, ainsi, il est nécessaire pour être certifié de réduire la quantité de matériau utilisée, maximiser la quantité de matériau pouvant être réutilisée ou recyclée et utiliser des matériaux recyclés dans la mesure du possible. Aussi, il est interdit d’utiliser du PVC et autres plastiques chlorés, du polystyrène et autres plastiques dérivés du styrène, des matériaux fabriqués à partir d’OGM ou de partie d’animaux ou des substances produites par des animaux (cuir, soie…) dans les emballages -bien sûr il existe des exceptions pour des applications techniques spécifiques-

Rentrons maintenant un peu plus dans le vif du sujet avec les ingrédients qui sont interdits ou restreints :
– Par principe de précaution sont interdits nanomatériaux, OGM et irradiations.
– L’huile de palme et ses dérivés doivent être certifiés RSPO au minimum niveau Mass balance -niveau qui indique que l’huile de palme durable provenant de sources certifiées est mélangée avec de l’huile de palme ordinaire-
– Seules les matières premières respectant les exigences de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) sont autorisées à être utilisées.
– Il est permis d’utiliser des ingrédients d’origine animale tant qu’ils sont produits par des animaux mais ne font pas partie de l’animal, qu’ils n’entraînent pas la mort de l’animal concerné et qu’ils ont été obtenus en utilisant uniquement les procédés autorisés -ces procédés sont énumérés dans les annexes du référentiel-

Au final, pour qu’il soit certifié biologique, dans le produit cosmétique au moins 95% des agro-ingrédients physiquement transformés utilisés doivent être biologiques -sauf dans les produits fabriqués avec une grande majorité d’agro-ingrédients chimiquement transformés comme les savons ou les parfums-, les agro-ingrédients physiquement transformés restants doivent être biologiques s’ils sont répertoriés à l’annexe VI -elle regroupe les agro-ingrédients physiquement transformés considérés comme disponibles sous forme biologique en quantité et qualité suffisantes. Des dérogations peuvent être accordées si pénurie par exemple- et les agro-ingrédients chimiquement transformés énumérés à l’annexe VII doivent être biologiques -Même logique que le point au-dessus. A ce jour, seul l’éthanol y est listé-
Point important : Au moins 20% du produit fini total doit être biologique sauf pour les produits à rincer, les produits aqueux non émulsionnés et les produits avec au moins 80% de minéraux ou d’ingrédients d’origine minérale où c’est seulement 10%… Et c’est là que vous allez me dire que c’est peu, -mais l’explication de ces petits chiffres tient dans le fait que l’eau -constituant majeur de nombreux produits cosmétiques- ainsi que les minéraux et ingrédients d’origine minérale ne peuvent être considérés comme biologiques.

Pour être certifié naturel un produit cosmétique n’a pas d’obligation de contenir des ingrédients biologiques mais tous les ingrédients utilisés doivent être d’origine naturelle -à l’exception d’une liste restrictive d’ingrédients approuvés dont des conservateurs- Le référentiel Cosmos définit comme d’origine naturelle l’eau, les minéraux et ingrédients d’origine minérale, les agro-ingrédients physiquement transformés, les agro-ingrédients chimiquement transformés (et les parties les constituant) entièrement dérivés des ingrédients ci-dessus.

L’étiquetage des produits cosmétiques certifiés Cosmos

Pour les produits certifiés biologiques, la signature « COSMOS ORGANIC » liée au logo du membre de l’organisation AISBL Cosmos-standard ainsi qu’à l’organisme de certification doit apparaître.
Doivent être indiqués le pourcentage d’ingrédients d’origine biologique dans le produit fini, sous la forme « X% du total des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique » et le pourcentage en poids d’ingrédients d’origine naturelle dans le produit total, en tant que « X% du total est d’origine naturelle ».
L’identification des ingrédients biologiques avec « issu de l’agriculture biologique » -ou expression similaire- et ceux fabriqués à partir de matières premières biologiques avec « transformés à partir d’ingrédients biologiques » -ou expression similaire- doivent être clairement mentionnés dans la liste INCI.

Attention ! Un produit ne peut pas être qualifié de « biologique », par exemple « savon biologique », à moins de contenir au moins 95% d’ingrédients biologiques sur le total du produit fini.

Pour les produits certifiés naturels, la signature « COSMOS NATURAL » liée au logo du membre de l’organisation AISBL Cosmos-standard ainsi qu’à l’organisme de certification doit apparaître.
Doit être indiqué le pourcentage d’ingrédients d’origine naturelle dans le produit total, en tant que « X% du total est d’origine naturelle ».
Les allégations faisant référence au caractère biologique sont limitées au pourcentage total d’ingrédients biologiques dans le produit fini et aux ingrédients biologiques concernés et doivent apparaître associées avec la signature COSMOS NATURAL à l’avant de l’emballage.

Attention ! Pour les produits 100% biologique ou 100% d’origine naturelle, l’indication du pourcentage d’origine naturelle n’est pas obligatoire.

L’article étant déjà bien long, je vous réserve la suite avec le référentiel Natrue dans le prochain…

Edit – 29/09/2023 – Le référentiel COSMOS a été mis à jour en 2023, il convient donc de se référer à cette dernière version qui peut apporter quelques changements dans les exigences.


Photo libre de droit : Ika Dam.
Sources : Cosmebio, Cosmed, Cosmos, Ecocert.

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